Le syndicalisme français est issu de violentes luttes sociales et, d'une légalisation tardive (1884). Dès les origines y cohabitent des conceptions sensiblement différentes de ses buts, de son indépendance, ou non, d'une éventuelle tutelle émanant de l'extérieur.
Son histoire est émaillée de différentes scissions quasiment toutes déclenchées par des événements exogènes, souvent de portée internationale mais fondées néanmoins sur ses divergences originelles au sein de la CGT alors que par ailleurs se développait un syndicalisme s'inspirant de la doctrine sociale de l'Eglise Catholique.
Un syndicalisme toujours mouvant, toujours en quête d'une unité perdue, résurgente brièvement à certaines périodes, devenue quasiment mythique, qui se traduit cependant par la recherche d'une unité, au moins dans l'action.
Un syndicalisme caractérisé en France par des taux de syndicalisation des salariés, très faible, à l'exception notable pendant plusieurs décennies du syndicalisme enseignant, qui connut des taux de syndicalisation très élevés, dans un milieu très féminisé.
Cette histoire heurtée aboutit au paysage actuel : celui d'un syndicalisme complexe au plan organisationnel, certes, avec des rapports de force mouvants en son sein, mais sous lesquels se dessinent cependant des lignes de force persistantes, telles que par exemple la progression, dans le domaine idéologique et dans la pratique, de la conception réformiste indépendante, d'un syndicalisme repoussant de plus en plus à sa marge les conceptions "révolutionnaires".