Syndicalisme français

Le syndicalisme français est issu de violentes luttes sociales et, d'une légalisation tardive (1884). Dès les origines y cohabitent des conceptions sensiblement différentes de ses buts, de son indépendance, ou non, d'une éventuelle tutelle émanant de l'extérieur.

Son histoire est émaillée de différentes scissions quasiment toutes déclenchées par des événements exogènes, souvent de portée internationale mais fondées néanmoins sur ses divergences originelles au sein de la CGT alors que par ailleurs se développait un syndicalisme s'inspirant de la doctrine sociale de l'Eglise Catholique.

Un syndicalisme toujours mouvant, toujours en quête d'une unité perdue, résurgente brièvement à certaines périodes, devenue quasiment mythique, qui se traduit cependant par la recherche d'une unité, au moins dans l'action.

Un syndicalisme caractérisé en France par des taux de syndicalisation des salariés, très faible, à l'exception notable pendant plusieurs décennies du syndicalisme enseignant, qui connut des taux de syndicalisation très élevés, dans un milieu très féminisé.

Cette histoire heurtée aboutit au paysage actuel : celui d'un syndicalisme complexe au plan organisationnel, certes, avec des rapports de force mouvants en son sein, mais sous lesquels se dessinent cependant des lignes de force persistantes, telles que par exemple la progression, dans le domaine idéologique et dans la pratique, de la conception réformiste indépendante, d'un syndicalisme repoussant de plus en plus à sa marge les conceptions "révolutionnaires".

Citoyenneté et éducation

De la nécessité d’une initiation à la citoyenneté en Europe

La citoyenneté, qualité du citoyen[1] peut être éprouvée, aujourd’hui comme autrefois, par la manière dont celui-ci partage les valeurs de la cité et l’intensité avec laquelle il se sent le devoir de les défendre: « On reconnaissait le citoyen à ce qu’il avait part au culte de la cité[2] » nous dit FUSTEL de COULLANGES. Or qu’est-ce qu’initier[3] ? Si ce n’est justement : « admettre à la connaissance et à la participation de certains cultes ou de certains rites secrets », comme nous l’indique le dictionnaire ROBERT.

Au-delà de sa traduction juridique et de la signification superficielle courante, la citoyenneté apparaît donc bien, dès que l’on tente de retrouver son sens au travers de l’histoire de nos sociétés, comme résultant d’une éducation et plus encore d’une véritable initiation.

Pourquoi aujourd’hui ce lien, entre initiation et citoyenneté, ne nous apparaît-il plus spontanément ? Il est vrai que la cité, ou la République[4], ont en quelque sorte renoncé au culte en tant que tel et que nous pouvons constater un certain émiettement des valeurs et du sacré. Cependant, ne doit-on pas examiner ces questions de plus près et avec de nouvelles lunettes, c’est à dire avec une grille d’analyse mieux positionnée et mieux construite ?

Les solutions du présent ne sont jamais réductibles aux recettes passées, même quand se sont finalement les mêmes logiques humaines qui s’appliquent. En effet, la réalité est complexe et les acteurs, multiples, restent rarement réellement prévisibles.

Néanmoins, la problématique de la citoyenneté ne peut se comprendre qu’au regard de l’histoire des sociétés humaines. En effet, la citoyenneté peut être comprise comme la réponse apportée par certaines sociétés à un ensemble de questions, qui se posent invariablement à chaque époque, chaque époque apportant une réponse différenciée. Ainsi, le concept de citoyenneté met-il en rapport, à tous les moments de notre histoire, des devoirs à remplir vis-à-vis d’une société et des droits que cette société accorde. Ce rapport, qui peut paraître contradictoire ne l’est cependant pas. Parce que ses termes sont en fait complémentaires dans un ensemble qui s’équilibre : équilibre de valeurs, d’orientations de comportements et de comportements effectifs. Il s’agit d’une question complexe et humaine.

C’est pourquoi ce rapport et cet équilibre sont à aborder en conscience, tant individuellement que collectivement.

Ainsi, les lunettes que nous proposions un peu plus haut sont-elles essentiellement constituée d’une consistance philosophique de l’esprit qui vise à éclairer et à accroître la conscience politique comme vision architecturale des sociétés humaines.

Il faut que vive la fraternité citoyenne dans la République, car c’est bien là l’enjeu fondamental de la citoyenneté : la pratique de la solidarité fraternelle. Mais il faut aussi dépasser les discours purement incantatoires ou convenus que l’on entend parfois et tenter de faire des propositions architecturales.