L'humanisme chrétien

Le Mot humanisme est assez récent, puisqu'il n'est entré au Littré qu'en 1880. Il a d'abord désigné le mouvement de pensée de la Renaissance, qui entendait renouer avec la pensée antique par l'étude des auteurs grecs et latins : ce que l'on appelait alors les humanités. Nous avons vu que cette pensée de la Renaissance, a donné le jour à un courant philosophique orienté vers l'émancipation de l'être humain, qui s'est concrétisé au siècle des Lumières et dans la Révolution française. Le sens du mot, avec le temps, devint de plus en plus vague ; à la fin du 19e siècle il recouvrait finalement un appel en faveur de la dignité humaine. Après la 2e Guerre Mondiale, les philosophes en firent un mot à la mode et on parla alors d'humanisme marxiste et, entre autres, d'humanisme chrétien ; des notions qui n'impliquaient guère que le refus d'une société considérée comme inhumaine.

L'humanisme déconstruit

            Depuis la Renaissance, l'humanisme considère l'individu comme pluriel et ondoyant ainsi que se voyait Montaigne. Il lui était reconnu des natures diverses en fonction de ses champs d'activité ; une diversité qu'il unifiait lui-même librement dans sa personnalité par sa volonté et sa raison.

 

La République est censée être constituée de ces individus, libres et égaux en droits, reconnus directement et sans intermédiaire comme citoyens par le pouvoir politique.

La rationalité en question

            Il existe différentes façons de rendre compte des données de nos sens. Le sentiment  d'avoir raison peut être puisé à plusieurs sources. Peut-on parler de plusieurs rationalités ? Est-il raisonnable de faire totalement confiance en la raison[1] ? N'y a-t-il de vérité que scientifique ?

 

Certains ont voulu remplacer la vérité du dogme religieux par celle du dogme scientifique, réunifier lumières de la raison et illumination mystique. Il en est issu un scientisme matérialiste naïf. Il faut distinguer deux domaines séparés, celui des sciences et celui des traditions mystiques. Pourtant, certains éprouvent le besoin de fonder l'éthique en vérité objective, et tentent de renouveler la quête alchimique de la « Réalité Ultime[2] » : « Une mystique, faisant bon ménage avec un irrationnel que la  nouvelle science serait censée ''confirmer'', a pu submerger parfois des scientifiques de valeur[3]. » D'autres voient dans ce scientisme matérialiste le triomphe des lumières de la raison, sur les ténèbres de l'obscurantisme religieux et de l'irrationnel.

L'humanisme de la Renaissance

Renaissance, humanisme et Réforme.

           

Certains ont pu avancer que ce que cherchait la Renaissance, c'était l'antiquité classique en son art, alors que ce que cherchait l'humanisme c'était l'antiquité classique en ses idées.[1] La réalité paraît avoir été différente et on peut dire que Renaissance et humanisme se confondent ; et cela dès l'origine dans la personne même, du premier des humanistes italiens : Pétrarque. Érudit, curieux des mœurs et de la nature, archéologue et philologue, passionné d'auteurs comme Cicéron et Virgile, promoteur de l'étude du grec, Pétrarque voulait créer ce monde moderne où, avec la foi chrétienne, la morale et la philosophie de l'antiquité se confondraient réconciliées.

Ce qui est intéressant, c'est de constater la chronologie d'une évolution, d'abord parallèle puis divergente, de l'humanisme et de la Réforme. Au moment où Calvin publia son « Institution Chrétienne », le mouvement français de la Réforme était déjà vieux d'un quart de siècle, car son origine se confondait presque avec celle de l'humanisme de la Renaissance française. L'humaniste ne se contentait pas de s'inspirer de la forme des œuvres des maîtres de l'antiquité, il affirmait sa conviction que l'étude des lettres antiques rendrait l'humanité plus civilisée. L'idée centrale de l'humaniste c'était que l'homme était pour l'homme le plus digne des sujets d'étude. Les humanistes français, comme Étienne Dolet, exprimaient clairement leur ambition pour une réussite dans cette vie. « ... Pendant que je puis, je goutte un bonheur mortel ; après la mort j'en connaîtrai peut-être un plus grand[2] ? »